Faire une expérience spirituelle à 6 ans…

Faire une « expérience spirituelle », « approcher Dieu », expérimenter fortement sa présence… ce n’est pas réservé à ceux qui ont déjà parcouru un long chemin de foi…

Faire une « expérience spirituelle », « approcher Dieu », expérimenter fortement sa présence… ce n’est pas réservé à ceux qui ont déjà parcouru un long chemin de foi…

La petite Anne et sa mère

Ecoutons Anne Boivent raconter, avec une grande simplicité, ce qui lui est arrivé un certain Vendredi-Saint, alors qu’elle n’avait que 6 ans… C’était en 1794, en pleine Révolution française !

« Étant âgée de six ans, un jour de dimanche des Rameaux, étant avec ma bonne mère dans un chemin, gardant nos vaches, à l’heure où se dit la grand-messe, elle se mit à faire une lecture dans “l’Imitation de Jésus-Christ”.
Étant assise auprès d’elle, je la vis qui pleurait. Je crus qu’elle était malade ; je lui demandai ce qu’elle avait ; elle pleura encore davantage, en me disant :

  • « Ma pauvre fille, que deviendras-tu, toi et les autres ; plus de prêtres, plus de messes ; que deviendrons-nous ? »
    Elle me dit encore :
  • « Ma fille, nous entrons dans la Semaine Sainte où le Bon Dieu est mort pour nous »
    Je me sentis saisie. Je lui dis :
  • « Qui l’a fait mourir ? »
    Elle me dit que c’étaient les Juifs et nos péchés qui lui avaient donné la mort, mais qu’il était si bon qu’il nous aimait tendrement. Elle me dit qu’il fallait bien prier, surtout le jour de sa mort, afin qu’il eût pitié de nous. Je lui demandai quel jour ?
    Elle me dit :
  • « C’est vendredi ».
Anne passe toute la journée du vendredi-saint à dire son chapelet

Tous les matins, en me levant, je lui demandais :

  • « Est-ce aujourd’hui ? »
    Le jour étant venu, elle me dit :
  • « C’est aujourd’hui, prie pour tous ».

Je passai ce saint jour à dire mon chapelet.
Le bon Dieu me donna une si grande dévotion à sa sainte Passion que toutes les autres dévotions n’ont point fait sur moi la même impression dans mon esprit ; car je me représentais tous les appareils de sa mort comme si je les avais vus. Bien des fois, je me suis trouvée comme malade et ne sachant trop où j’étais par l’impression que j’éprouvais. De cela, il m’est resté le précieux trésor de l’amour de la Croix que mon Dieu me conservera, j’espère, toute ma vie ».

Extrait de « La Vie de Anne Boivent », par le Père J. B. Le Taillandier.

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