La cruche vide

Seigneur, excusez-moi si je vous dérange… Il m’est venu tout à l’heure à l’idée que vous aviez besoin d’un saint… Alors je suis venu pour la place. Je ferai très bien l’affaire.

Seigneur, excusez-moi si je vous dérange…
Il m’est venu tout à l’heure à l’idée
Que vous aviez besoin d’un saint…
Alors je suis venu pour la place,
Je ferai très bien l’affaire.

Quoi qu’on dise, le monde est rempli de gens parfaits.
Il y en a qui vous offrent tant de sacrifices
Que, pour que vous ne vous trompiez pas en les comptant,
Ils les marquent avec une petite croix sur un carnet.

Moi, je n’aime pas faire des sacrifices.
Ca m’ennuie énormément…

Il y a aussi des gens qui se corrigent d’un défaut par semaine.
Ils sont forcément parfaits au bout d’un trimestre.

Moi, je n’ai pas assez confiance en vous pour faire ça.
Qui sait si je vivrais encore au bout de la première semaine ?

Les gens parfaits ont tant de qualités
Qu’il n’y a plus de place en leur âme pour autre chose…

Mais, Seigneur, un saint, c’est un vase vide
Que vous emplissez de votre grâce,
Qui déborde de votre Amour,
De la sainteté des Trois !

Or, Seigneur, je suis un vase vide
Avec un peu de boue au fond.

Ce n’est pas propre, je le sais bien.
Mais vous devez bien avoir là-haut
Quelque céleste poudre à récurer…

Si vous ne voulez pas de moi non plus, Seigneur,
Je n’insisterai pas.
Réfléchissez pourtant à ma proposition,
Elle est sérieuse.

Quand vous irez dans votre cellier
Puiser le vin de votre Amour,
Rappelez-vous que vous avez quelque part sur la terre
Une petite cruche à votre disposition.

Novembre 2010

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