Visiteuse de prison…

Un gars me glisse dans la main un petit billet, plié en quatre : « J’étais en prison… Vous êtes venus nous voir. Merci de votre soutien ! »

« J’étais en prison… vous êtes venus nous voir… »

Des événements douloureux (emprisonnement d’un ami) m’ont amenée, il y a quelques années, à entrer dans le groupe « Aumônerie Maison d’Arrêt Jacques Cartier de Rennes ».

Au début, nous ne participions aux Célébrations faites à la prison, qu’aux grandes fêtes… Maintenant, c’est chaque dimanche, que deux ou trois membres de notre équipe par roulement, peuvent s’y rendre. La liste des présents est soumise à la direction, ainsi que la liste des gars désirant assister à la célébration. J’y participe à peu près une fois par mois.

Chaque dimanche matin, les personnes désignées, se rassemblent, vers 9h15, à la porte du 56, Jacques Cartier. Après contrôle, nous rentrons ensemble. Parfois, il nous faut attendre l’ouverture de la grande porte, par un gardien avec sa grosse clé… Depuis quelques mois, nous avons le bonheur de trouver la salle préparée par un détenu, Jean Marc, (chaises bien alignées…) Dernièrement, il a refait les peintures, (intérieur et extérieur) avec beaucoup de goût, restauré le tableau d’affichage, le grand poster de l’Enfant Prodigue.

Chaque gars arrive, nous salue… Tous sont heureux de pouvoir parler librement, même entre eux… Nous préparons l’autel : nappe, calice, cierge, bouquets. Autour de 10 heures, la célébration commence, avec environ 30 participants de la Maison d’Arrêt, le nombre étant limité, à cause de la salle. Les fleurs apportées par deux membres de l’Aumônerie sont partagées en fin de cérémonie. Elles sont fortement appréciées. On range ensuite la salle, qui sert aussi au rite protestant, musulman…

Cette équipe d’Aumônerie - animée par Marie Françoise - est une grande richesse pour moi. Nous venons de divers horizons : du jeune en faculté… à l’industriel, aux retraités de l’enseignement public et privé…, en passant par le prof, l’employé, l’infirmière… Notre rôle est principalement d’être à l’écoute des gars, d’être attentif à eux, de les aimer tels qu’ils sont, de leur apporter un témoignage de croyants, de vie de prière, d’une parole vécue… Mais, nous aussi, nous recevons beaucoup : ils nous évangélisent par leurs réactions : ils sont confiants, dignes… Il est vrai que la rencontre du dimanche matin leur donne la possibilité de parler librement.

Dernièrement, un certain détenu, « Jésus » (c’est son prénom) a voulu me parler de sa souffrance : ne pas voir ses deux petites filles, sa femme incarcérée, cause (d’après lui) de ses malheurs… Je l’ai encouragée à se confier à la Sainte Vierge.

Quelques réactions de gars - suite à une rencontre de Noël - qui montrent combien ils sont sensibles à notre présence :

  • « Grâce à vous, nous avons pu apprécier l’heureuse matinée qui, pour nous, était l’occasion de nous évader psychologiquement de cet univers morose. Nous vous remercions toutes et tous de votre fraternité, de votre sympathie, de votre bon sens humanitaire ».
  • Rentrant à la Célébration, un gars me glisse dans la main, un petit billet, plié en quatre… J’étais inquiète, craignant une mauvaise intervention à envisager. Pour mettre fin à mon anxiété, je lis furtivement et je découvre ce message : « J’étais en prison… vous êtes venus nous voir… Merci de votre soutien ». Suivaient sa signature et sa commune d’origine.

Sr Maria F., SCR, Rennes

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