Cinq Sœurs de Rillé sont arrivées depuis un an à Tambaga, à l’est du Burkina Faso.
Horizons ouverts vers de nouveaux villages…
Au dispensaire de Tambaga, les malades sont de plus en plus nombreux, parfois jusqu’à deux cent cinquante. Pourtant, les infirmières contactent aussi des villages qui n’ont jamais été visités.
Sr Léonie de Jésus s’en va à Saboirka et Irni, Sr Maria à Tansarga.
Les infirmières, aidées d’un boy de 16 ans, soignent sous un arbre. Où sont les pièces rutilantes de propreté de la luxueuse "Croix Verte" de Stramproy (en Hollande) ? Autour de ce « Centre de soins » improvisé, on se pousse, on trépigne, on veut voir le patient avaler un cachet et, tous en chœur, on éclate de rire. Mais l’émotion augmente, les yeux s’ouvrent bien grands, lorsque l’infirmière brandit l’arme redoutable : la fameuse seringue ! Il faut voir petits et grands regarder la Sœur faire une piqûre. Et pendant ce temps, l’infirmière désespère d’observer les règles les plus élémentaires de l’asepsie, au milieu des mouches et de la poussière que soulèvent les bousculades.
L’autre jour, à Tansarga, une trentaine d’enfants avait mal au ventre. La curiosité n’était sans doute pas étrangère à ces malaises imaginaires, d’autant qu’on n’avait jamais vu de Sœurs dans le village…
Si la plupart des cas sont bénins, on découvre aussi de grandes misères ; des lépreux défigurés, les mains et les pieds à moitié rongés et couverts de plaies. De ces gens complètement abandonnés, faisant partie des 15 millions de lépreux qui inspirent à Raoul Follereau des accents si poignants et en même temps si humains.
Après une bonne journée à Tansarga, on demande les deux infirmières pour une femme qui vient d’avoir un bébé. Mais… elle n’est pas à la concession ! On la trouve, au milieu des champs, dans une case qui sert au moment des cultures où on l’a reléguée, toute seule… En revenant vers la maison d’habitation de la femme, à une cinquantaine de mètres de la concession, des femmes se mettent à genoux et crient comme aux jours de fête et de danses. Tout cela pour nous honorer et nous remercier : « Fa, fa ; touenne, touenne » : « Bien bien, merci, merci ». On nous offre une pintade, cadeau qui fait particulièrement plaisir à Sœur St Vincent. Ces pauvres gens qui mangent très peu de viande savent encore se priver pour nous témoigner leur reconnaissance…
Jusqu’ici, nous n’avons point manqué de pénicilline, grâce aux échantillons médicaux que nous recevons. Merci aux établissements de la Congrégation qui nous en envoient. Un Merci très spécial aux Clarisses de Nice, au Collège Saint Caprais d’Agen, à une clinique du Nord, aux docteurs, aux pharmaciens et à tous ceux qui pensent à Tambaga. Il nous faut tellement de remèdes !
Quand Saint Joseph y met la main…
Une jeep à Tambaga ! Que se passe-t-il donc ?..
Un Blanc en descend et se dirige vers la Mission. C’est un ingénieur français chargé de prospecter le terrain en vue de la construction d’un barrage. Aidé du Père Lucas, il décide de l’emplacement qui sera défriché dès le lendemain. Et le 19 mars, deux ingénieurs allemands analysent la constitution du sol.
À midi, le bruit court : « Il n’y aura pas de barrage, le terrain est trop mauvais ».
L’avenir du village est en jeu et dans les classes, on supplie Saint Joseph. La réponse ne se fait pas attendre. Dès le soir : « Nous construirons quand même le barrage à cause de la Mission » !
Après l’étude, tous les garçons étaient à la chapelle pour remercier Saint Joseph.
Les plans et les calculs ont nécessité une semaine de travail sur place et les ingénieurs ont quitté Tambaga en laissant un grand espoir…
Extraits du Courrier Missionnaire, Rillé - Fougères, 1962.
FIN des « débuts à Tambaga ».
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