Chaque année, en septembre ou octobre, l’Eglise de Fougères célèbre le Pardon de Notre-Dame des Marais, à l’église St Sulpice.
Une tradition constante affirme que l’antique Madone vénérée aujourd’hui sous le vocable de Notre Dame des Marais provient de la chapelle Ste Marie du château primitif de Fougères qui fut construit au 11e siècle.
Cette antique statue, haute de 0,80 m, est taillée dans une pierre blanche et dure, dite pierre de Caen. La Vierge est représentée assise, tenant son enfant sur son genou gauche. L’enfant Jésus, la main droite dans la gauche de sa Mère, approche ses lèvres du sein maternel.
Mais en 1166, le roi d’Angleterre prit le château de Fougères et le rasa de fond en comble. La chapelle Sainte Marie fut complètement détruite aussi, et la statue demeura longtemps perdue, ensevelie sous les décombres.
Au temps où les Lusignan possédaient la seigneurie de Fougères (1256-1313), la paroisse Saint Sulpice contemporaine et voisine du château, décida de prolonger son église primitive vers l’ouest. Or, en creusant les fondations préalables à cet agrandissement, on découvrit, sous la pioche des travailleurs, la statue disparue depuis plus d’un siècle. On lui donna le nom de Notre Dame des Marais, allusion au terrain arrosé des eaux du Nançon où on l’avait retrouvée. Cette Madone fut placée dans une niche creusée extérieurement au mur que les Fougerais érigèrent sur le lieu même de sa découverte. Puis bientôt, une chapelle destinée à abriter la statue devenue « miraculeuse » fut aménagée dans l’église Saint Sulpice et consacrée le 8 mars 1410 par l’évêque de Rennes, Mgr Anselme de Chantemerle.
Mais les paroissiens voulaient la voir en passant sur le chemin. On la laissa donc à l’extérieur de la chapelle, face au château.
En l’an 1500, le pape Alexandre VI (1492-1503) adressa une bulle portant concession d’indulgences à tous les pèlerins qui, chaque année, visiteront dévotement l’église Saint Sulpice. Cette bulle existe toujours aux archives paroissiales.
Au cours des siècles, la dévotion à Marie ne faiblit pas et s’étend bien au-delà de la cité. Beaucoup de grâces spirituelles et beaucoup de guérisons sont attribuées à l’intercession de Notre Dame des Marais. Les archives municipales de Fougères gardent toujours le procès-verbal établi au sujet d’une guérison, en 1722…
Lors de la tourmente révolutionnaire, on avait, avant tout, mis en sécurité la précieuse statue chez un nommé Turin. Le 24 mai 1800, Monsieur Beaulieu, curé de Saint Sulpice, prêtre non assermenté, prit soin de ramener la Madone à sa place.
La proclamation du dogme de l’Immaculée Conception donna lieu à une fête mémorable au cours de laquelle, en 1855, la statue de Notre Dame des Marais fut portée en procession, ce qui ne s’était jamais vu.
En 1872, on put inaugurer un nouveau sanctuaire intérieur à l’église : une chapelle néo-gothique mieux adaptée à la dévotion grandissante des Fougerais… Pendant 100 ans, elle favorisa la prière et le recueillement des pèlerins. Mais désavantagée par sa pierre blanche extérieure, elle a disparu dans les années 1960. Depuis lors, Notre Dame est vénérée dans l’église, au centre du retable de la chapelle Notre-Dame.
Les fidèles désiraient ardemment le Couronnement solennel de leur Madone par le Souverain Pontife. Un rapport présenté en 1922 par l’abbé Mathurin, curé doyen de Saint Sulpice sollicita cette faveur. Sa Sainteté le Pape Pie XI décerna cet honneur à Notre Dame des Marais. La bulle adressée au Cardinal Charost, archevêque de Rennes et datée du 16 janvier 1923, est toujours conservée aux archives de Saint Sulpice.
Le 8 septembre 1923, on célèbre avec enthousiasme cet événement. La statue est portée en procession dans le château. Un autel a été dressé pour la grand-messe pontificale célébrée par Mgr Dufort, évêque de Poitiers, en présence du Cardinal Charost, archevêque de Rennes, des évêques de Nantes, Vannes, St Brieuc, des personnalités locales et d’une foule immense. Les Vêpres, chantées à l’église St Sulpice, sont suivies de la procession de la statue dans toute la ville, à St Léonard, à Bonabry.
En 1924, le chanoine Mathurin décide de créer le « Pardon de Notre Dame des Marais ». Depuis, c’est toujours un temps fort dans la vie des communautés paroissiales. Présidé par un évêque ou un prêtre, il est vécu, du vendredi soir au dimanche soir, comme un véritable rassemblement autour du trône de Notre Dame qui revêt alors son somptueux manteau de velours bleu et d’hermine.
Ave, ave, ave Maria ! Ave, ave, ave Maria !
De toute son âme, lorsque tu parais, Ton peuple t’acclame, Vierge des Marais.
Parmi toutes femmes, choisie du Seigneur, Tu présentes au monde, ton Fils Rédempteur.
Au peuple qui peine, redonne l’espoir, Fais voir ta tendresse, Mère de l’amour.
Sr Hélène R., SCR, Fougères (35)