« Aimer Dieu dans sa Justice » : tel est notre charisme, notre manière propre d’aimer et d’honorer Dieu, pour répondre à la plainte que Dieu lui-même fit entendre à notre fondatrice Anne Boivent :

« On honore et on aime ma bonté, ma miséricorde et mes autres attributs, mais ma Justice on la craint, et on ne l’aime pas ».

Tout en Dieu conduit à l’Amour. Bonté, miséricorde, tendresse, providence… sont autant de facettes qui ne nous parlent que d’Amour. Mais la Justice ? Dieu a raison de se plaindre quand il révèle à Anne Boivent que sa Justice n’est pas objet d’amour mais de crainte.

Comprendre Dieu dans sa Justice n’est pas chose aisée. La Bible peut nous aider à entrer dans ce mystère. Regardons comment Saint Paul parle d’Abraham le père des croyants, modèle de tous ceux qui remettent leur destin entre les mains de Dieu. Dans l’Épître aux Romains, on lit : « Si Abraham tint sa justice des œuvres, il a de quoi se glorifier. Mais non au regard de Dieu ! » Que dit en effet l’Écriture ? « Abraham crut à Dieu et ce lui fut compté comme Justice » (Rm 4, 2-3).

Par sa Justice, Dieu nous sauve avec « honneur » disait Édouard Pousset (jésuite) dans un article qu’il adressait à la Congrégation. Par amour, mais avec honneur. Que pouvons-nous donner à Dieu en échange de notre salut ? Le salut est pure gratuité, mais il y a une contrepartie qui honore à la fois Dieu et l’homme. La seule chose qui soit digne de Dieu et qui est à notre portée, ce ne sont pas nos sacrifices, mais notre « foi », une foi qui fait sortir l’homme de lui-même pour reposer en Dieu, pour s’en remettre à Celui qui seul est digne de cette confiance. C’est par sa « foi » que l’homme est « justifié », « ajusté » à Dieu, mis en consonance avec Celui de qui nous tenons la vie.

La crainte dont nous parle la Bible est ce frémissement de l’âme devant la grandeur de Dieu, frémissement que Dieu lui-même apaise en appelant à la foi. Jésus n’agit pas autrement : « Sois sans crainte ; crois seulement » dit-il à Jaïre (Mt 8,25).

Aimer Dieu dans sa Justice, c’est désirer qu’advienne en nous son œuvre de justice, de « justification » par la foi, la confiance en Celui qui nous donne tout, qui n’attend de nous que notre foi et qui ne peut rien faire s’il ne la trouve pas en nous.