Au-delà de son admirable dimension artistique, la célèbre peinture de Léonard de Vinci est une profonde leçon sur la rédemption et le salut. La Cène de Léonard de Vinci, peinte entre 1495 et 1498, capte l’instant où Jésus vient de dire « l’un de vous, qui mange avec moi, me livrera » et où les apôtres sont bouleversés.

Au centre, le visage du Christ est d’une immense sérénité. Tout le tableau est bâti autour de lui, il est le point de fuite central vers lequel convergent toutes les lignes de force. En ce visage, apparaît, se manifeste, se réalise la convergence de l’humain, proche, terrestre, et du lointain, céleste, divin, suggéré par le paysage sans fond encadré par les trois baies. La légende dit que Léonard mit trois ans à finir son tableau, parce qu’il n’osait pas s’attaquer au visage du Christ. À sa droite, on reconnaît saint Jean, le disciple préféré, plein de confiance et de douceur.

Mais où se trouve Judas ? On reconnaît Judas à ses attributs : sa laideur, la bourse à sa ceinture et son costume vert. Il est l’emblème de la marchandisation universelle. Mais l’Église insiste sur le fait que Judas n’est pas maudit de naissance. Il était libre de ses actes comme nous tous. Les peintres ont souvent joué sur cette ambivalence, tel Rubens, qui a donné à Judas ses propres traits, et oriente son regard vers nous.

Un saint Pierre ambivalent Dans le tableau de Léonard de Vinci, à la gauche du Christ, les contemporains ont reconnu saint Pierre ; il a un index levé. Son visage fermé, son regard en dedans, inexpressif, contrairement à tous les autres, sa barbe hostile, tout semble dire qu’il cherche à cacher un secret, qu’il veut imiter l’indignation des autres, mais sans partager leur émotion à chaud. La Cène de Léonard de Vinci multiplie les équivoques, pour nous donner à entendre que la réalité est bien plus compliquée qu’il n’y paraît. Ainsi, Léonard de Vinci donne à voir l’ambivalence de notre nature, toujours hésitante entre le rôle de saint Pierre et celui de Judas. Cet index levé de Pierre n’accuse personne, ni lui-même ni un autre, c’est le fléau de la balance, et il pointe vers le ciel.
Extraits du Site Aleteia Transmis par G. Helleux, SCR