Ce jeudi-là, surprise, je tombe nez à nez avec un attroupement de “Blancs”. Mais qui est-ce donc ? S’en suit un long bavardage : « Moi je suis de Fougères » dit l’un (or c’est le lieu de ma congrégation !), « Et moi de Bain de Bretagne » dit un autre (c’est mon pays d’origine !), « Et moi de Retiers » etc… Quelle rencontre insolite ! Je leur dis : « Si vous voulez faire une B.A., suivez-moi ».

Nous arrivons dans une petite cour avec un bâtiment de quelques pièces en banco (terre). Assis par terre avec chacun un petit baluchon, une vingtaine d’orphelins s’apprêtent à quitter les lieux, le responsable de cet orphelinat n’ayant pas pu payer la location depuis plusieurs mois, ils sont chassés. Le bon cœur de ces Français, venus découvrir le Burkina, décide de payer le retard et même de faire une avance de 6 mois.. L’orphelinat est sauvé.
Rentrés en France, très bousculés par tout ce qu’ils ont découvert, ces Bretons se mettent en route pour créer une association qui va parrainer ces enfants. Ceux-ci pourront suivre l’école un peu mieux et manger un peu plus. Ils ont vu dans cette cour plein de tortues élevées là, qui leur permettent d’avoir quelques bouchées de viande à se partager de temps en temps. La nourriture de ces bestioles ne coûte rien, il suffit d’arracher de l’herbe quand la nature est prodigue.

Entre-temps, l’orphelinat déménage pour habiter une plus grande maison. Mais une nouvelle équipe mise en route cherche à replacer les orphelins en famille. On finit par leur retrouver un grand-père, une tante, un grand-frère ou un cousin lointain qui accepte de reprendre l’enfant, le parrainage soulageant tout le monde.
L’association se développe et les parrainages se multiplient pour des orphelins et d’autres enfants défavorisés. Plus tard, ils seront presque une centaine à en bénéficier. Quelle chance pour tous ces petits et grands de pouvoir manger à leur faim, d’être soignés, d’être bien scolarisés, de faire des études pour préparer leur avenir ! Aujourd’hui, même si quelques-uns ne sont pas allés très loin, beaucoup ont réussi leur vie. Ils sont instituteurs, infirmiers, fonctionnaires, bons agriculteurs, artisans, commerçants etc.. Ils vivent et font vivre la famille qu’ils ont fondée ainsi que leurs petits frères et sœurs, car en Afrique la solidarité est grande. Celui qui a la chance d’avoir un travail et un salaire se doit de s’occuper de la famille dans le besoin.

Qui aurait pensé que cette simple rencontre, porte tant de fruits ?
Le Hasard devient Providence.