Pierre et Jean courent au tombeau

Le tableau d’Eugène Burnand “Pierre et Jean courant au sépulcre” * peut nous aider à relire les récits d’apparition du Ressuscité au chapitre 20 de l’Évangile de Jean, proposé à la liturgie du jour de Pâques.

Marie de Magdala vient au tombeau avant l’aube, “de bonne heure, comme il faisait encore sombre”. Ce qu’elle aperçoit la bouleverse : la pierre du tombeau a été enlevée. Elle va donc avertir Pierre et Jean. Mais « apercevoir n’est pas encore voir ». Elle interprète en exprimant sa crainte.

Dans ce tableau, l’auteur a peint deux visages tendus vers un horizon qui n’en finit pas de se rapprocher. L’essentiel est en dehors, en avant. Les deux disciples nous entraînent dans leur course, mus à la fois par la crainte et l’espoir, ce qu’éprouvent Pierre et Jean après l’annonce de Marie de Magdala : « On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis ». Les visages sont torturés, les yeux inquisiteurs scrutent ce qu’ils soupçonnent peut-être.
Le peintre ne nous en dira pas plus, nous laissant à nos interrogations. Mais ouvrons notre Évangile.

Jean arrive le premier. Il fait ce que Marie de Magdala n’a pas fait. Il se penche pour voir et il « aperçoit » les linges à terre, mais il observe du dehors, il n’entre pas. Pierre arrive lui aussi, il entre et il voit… Puis Jean entre et le texte détaille tout ce qu’il voit comme si son attention était plus aiguisée, plus fine. Le tombeau n’est pas « vide », il parle et chaque détail prend de l’importance : les linges, le suaire roulé à part. Il y règne un certain ordre.

Le message passe : « il vit et il crut ». Il croit à cause de ce qu’il voit, mais aussi à cause de l’Écriture avec laquelle il fait le lien. Le texte ne dira rien de Pierre, mais il est pris dans cette phrase : « Ils ne savaient pas encore que, d’après l’Écriture, ils devaient ressusciter d’entre les morts ».

C’étaient deux “morts” que Marie de Magdala est allé réveiller, morts à l’espérance, rongés par l’incompréhension et l’anéantissement d’un futur prometteur. Est-ce leur course folle qui les a réveillés ? Une lueur d’espoir, puis ce qu’ils ont vu les en a sortis. Ils ont « vu ».

Mais bientôt on entendra Jésus dire : « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ».

* Eugène Burnand (1850-1921). “Les disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection” (huile sur toile, 1898), Musée d’Orsay, Paris.

Sr Bernadette D., SCR, Fougères

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