Le 3e dimanche de Carême, la liturgie nous propose en 1re lecture le récit de la vocation de Moïse au Buisson ardent, l’un des récits qui fondent la foi du peuple d’Israël ! Soulignons-en quelques éléments.
Ce passage arrive au début du Livre de l’Exode, au chapitre 3, après les ch. 1 et 2 consacrés à la description de la prospérité des Hébreux en Égypte et de leur oppression. Cependant, Moïse échappe au sort qui lui était destiné, c’est-à-dire à la mort comme tout garçon hébreu. Plus tard, il doit fuir en Madian après le meurtre d’un Égyptien qui maltraitait un de ses frères hébreux.

« Moïse gardait le troupeau de son beau-père Jéthro ». Homme promis à un brillant avenir, puisque élevé à la cour de Pharaon, il est devenu simple berger de son beau-père, décapé des richesses de l’Égypte, réduit à l’essentiel. C’est dans cette situation de dénuement que Dieu va lui révéler sa présence, à travers la figure du feu :
« L’Ange de Yahvé lui apparut, dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson ». Pour un homme du désert, le feu est lié à la vie : c’est la lumière, la chaleur pendant la nuit ; le moyen de se défendre des bêtes sauvages, de cuire les aliments. C’est aussi lié à la joie, l’intimité : ce n’est pas par hasard que l’on dit créer un foyer. Il n’y a pas si longtemps, les villages se comptaient par feux. Mais, c’est un symbole ambivalent, car il détruit. Cependant ici, le buisson brûle sans être dévoré : c’est un buisson, donc un arbuste et non du bois, donc il est symbole de Vie : l’arbre est vie ! Il y a contradiction dans le fait d’une vie qui dure malgré le fait qu’elle soit attaquée, menacée de destruction. Quelle a été exactement l’expérience de Moïse ? On ne sait pas !

A l’homme qui se dit : « Je vais m’avancer pour voir cette grande vision et voir pourquoi le buisson ne se consume pas », il est demandé d’ôter ses chaussures « car le lieu que tu foules est saint ». C’est un lieu saint, le lieu de Dieu. Tu ne peux entrer ici avec tes sandales. On entre « pieds nus » dans le sanctuaire. On n’apporte pas dans le sanctuaire la poussière prise ailleurs. En faisant un jeu de mots, on peut dire qu’il faut enlever ce qui est courant (les chaussures) pour entendre Dieu. Est présente aussi l’idée qu’on ne peut mettre la main sur Dieu par le savoir « voir pourquoi » et en même temps l’idée d’un Dieu proche.
V. 7.8. : « Le Seigneur dit … » : Alors, se fait entendre ce qu’on pourrait appeler la grande voix de l’Exode. Les verbes ? J’ai vu, j’ai entendu ; je connais ; je suis descendu : verbes qui disent la présence, l’action et tout cela à l’actif de Dieu. Les compléments ? La misère, le cri ; la douleur, la servitude ou oppression
Étonnante irruption dans l’histoire d’un Dieu en pleine action de salut ; en flagrant délit de parti pris pour les pauvres, les opprimés, les douloureux. La Bible ne fait pas de discours abstrait sur Dieu, mais dès l’Exode et à jamais, Israël est devenu témoin de Celui qui intervient pour les petits et pour les pauvres.
« Et maintenant, va… » En conclusion, on peut dire que 2 éléments-clés de la foi d’Israël nous sont dévoilés dans ce récit du Buisson ardent : l’identité du Dieu d’Abraham et la vocation de Moïse qui sera de conduire son peuple hors d’Égypte vers la Terre promise.

Sœur Gabrielle H., SCR