Sœur Marie Thaïs (1834-1896)


… à l’école d’Epiniac (35).

Eglise d'Epiniac (35)

En 1857, lorsque des Sœurs arrivent à Épiniac, elles y sont assez froidement accueillies, surtout par le Conseil Municipal. En effet - les délibérations du 3 mai et du 6 Octobre 1857 en font foi - tous les conseillers, sauf trois, avaient été d’avis de choisir une institutrice laïque. C’est d’ailleurs, disent-ils, « le vœu général de la commune ».

Mais de son côté, Monsieur l’Abbé Dupont, curé de la paroisse, ayant pris conseil de l’Esprit-Saint, s’en alla trouver le Père Le Taillandier, fondateur des Adoratrices de la Justice de Dieu, à Rillé-Fougères. Sept de ses confrères ont déjà obtenu des Sœurs pour tenir leurs écoles et soigner les malades. Venant en huitième rang, il doit se faire très éloquent pour obtenir deux Sœurs, le 28 octobre 1857.

À titre provisoire d’ailleurs…

On sait en effet que le Conseil Municipal, malgré les injonctions du Sous-préfet et du Préfet, n’arrive pas à trouver un local convenable et « ne peut rien voter pour le traitement d’une institutrice ».
Les Sœurs pourront-elles alors subvenir à leurs besoins ?
D’autre part les parents voudront-ils leur confier leurs enfants ?

Mais le choix de l’institutrice sera si judicieux que, peu à peu, toutes les préventions vont tomber.

Rosalie Boivent, en religion Sœur Marie-Thaïs, était née à Monthault le 20 septembre 1834. Son père était le frère d’Anne Boivent, fondatrice de la Congrégation de Rillé à Fougères. Comme sa sœur, il était remarquable par sa foi, sa piété, sa droiture, son esprit de justice et sa simplicité. Cinq de ses filles se feront religieuses.

Quand il amena Rosalie au Noviciat de Rillé le 21 août 1853, c’était la quatrième qu’il donnait au bon Dieu. Mais ce n’était point des motifs naturels qui attiraient la jeune fille vers la Congrégation de Rillé…

Dès son entrée au Noviciat, elle se fait remarquer par sa profonde piété, sa vive intelligence, son ardeur au travail. Tout en se formant aux vertus religieuses, Sœur Marie-Thaïs se prépare, par l’étude, à ses futures fonctions d’institutrice. Elle obtiendra sans peine le Brevet de Capacité.

Ecole communale d'Epiniac (du temps de Sr Thaïs), construite en 1872

Ardente au travail, elle ne perd pas un instant, parle peu, ne connaît guère qu’un seul chemin : celui qui relie sa maison à l’église.
Pendant près de vingt ans, la Sœur a dû se contenter, après « l’étable », d’une maison à petites ouvertures pouvant convenir pour des particuliers, mais difficilement pour une classe.
En 1872 (15 ans après l’arrivée des Sœurs), le Conseil Municipal décide enfin la construction d’une « maison d’école » avec aménagement d’une vaste cour et d’un jardin répondant aux besoins de l’institutrice.

Vierge de Sr Thaïs

Son amour pour la très Sainte Vierge et sa dévotion à la Passion de Notre- Seigneur sont, de plus en plus, l’âme de la vie religieuse de Sœur Marie Thaïs. À sa mort, on trouve sous la statue de Notre-Dame, placée dans sa chambre, ces quelques lignes écrites de sa main : « O Marie, je recommande à votre Cœur Immaculé mes confessions, mes communions, le moment de ma mort. Que ce cri, qui est le vœu de mon cœur, soit jour et nuit répété ». (R.B - S.M.T.)

Elle était pour tous prévenante et bonne. Jamais une parole amère ne sortait de sa bouche. Devant elle, les dissentiments, les divisions s’arrêtaient, et sa présence seule inspirait au contraire l’harmonie, la bonne entente et l’union.

Sœur Marie-Thaïs meurt le 3 avril 1896, un Vendredi-Saint. Dans sa maladie, dans son agonie même, elle suit les circonstances de la Passion de Notre-Seigneur. À plusieurs reprises, on la voit réunir toutes ses forces et répéter : « Passion de Jésus-Christ, purifiez-moi ! Passion de Jésus-Christ sauvez-moi ».

On vient en foule la voir une dernière fois dans cette chambre témoin de ses prières, de ses veilles, de ses peines. Ses traits conservent dans la mort la fraîcheur de la vie, si bien que, reconnaissant ses mérites et ses vertus, tous disent : « Elle est comme une sainte ! »

Au jour fixé pour l’inhumation, son corps n’a pas l’aspect d’un cadavre et ses membres ont gardé leur souplesse. On juge bon d’appeler le Docteur Brichet de Dol. Celui-ci ne peut s’empêcher de dire : « Elle est bien morte, le cœur ne bat plus. Il y a là un fait vraiment surnaturel ».

De ce fait, l’enterrement est retardé de plus d’une heure, alors que le cortège est formé pour conduire le corps à l’église. Toute la paroisse est là : les enfants, leurs mères, les anciennes élèves, les jeunes filles qui aimaient tant se grouper autour de la Sœur Supérieure.
Enfin, représentant la commune, tous les membres du Conseil Municipal.

Au moment du suprême adieu, l’émotion gagne toute l’assistance, manifestant combien la population lui est attachée. Monsieur Houitte de la Chesnais, maire d’Épiniac, se fait l’interprète des sentiments de tous…

Tombe de Sr Thaïs, toujours visible au cimetière d'Epiniac (35)

Sr Hélène R., SCR, d’après les Archives de Rillé - Fougères

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