« Tout le monde la connaissait à Dinard. Pendant plus de 40 ans, elle fut l’un des organes majeurs de notre vie paroissiale. Petits et grands, riches et pauvres, tout le monde l’estimait, l’admirait. Seulement, on ne l’appelait pas Sœur Théodule. Pour tous, c’était la Sœur Blanchet.
Pourquoi disait-on Sœur Blanchet ? Voilà…
Sœur Théodule (Joséphine Henry) était née le 27 août 1867, à Saint-Hilaire-des Landes (35). Après quelques années d’enseignement, elle fut envoyée par ses Supérieures de Rillé à Dinard pour une mission bien spécifique…
C’était - à la demande d’une des familles les plus vieilles et les plus respectées de la ville - pour remplir (dans cette famille) les fonctions diverses et difficiles d’infirmière, de dame de compagnie et d’institutrice. Pendant de nombreuses années, elle s’acquitta de cette tâche délicate et compliquée, avec une compétence et un dévouement tels que, peu à peu et tout naturellement, elle s’intégra à la famille au point d’en faire partie. A la mort de Mr et de Mme Blanchet, « Sœur Blanchet » resta auprès de leurs enfants, comme gouvernante de maison, jusqu’à l’époque de l’Invasion. A ce moment, l’âge et la fatigue l’obligèrent à rentrer à la Maison-Mère de Rillé à Fougères, où elle vécut ses dernières années dans la prière et dans la paix.
Mais, à Dinard, l’activité de Sr Théodule débordait largement le cadre de la vie familiale : elle s’étendait un peu dans tous les sens et ne connaissait guère de limites :
Les pauvres étaient ses favoris. Ceux-là surtout qui dissimulent leur détresse : d’instinct, elle savait les découvrir, gagner leur confiance. Quant à ceux dont l’indigence était avouée, on la voyait aller de l’un chez l’autre, de son pas égal et menu, munie d’un grand cabas, tout gonflé au départ, tout plat quand elle rentrait, laissant - là où elle avait passé - un peu de joie et de paix.
Après le service des pauvres, c’était le service de la paroisse. Et l’ouvrage ne lui manquait pas : elle se chargeait de l’entretien des ornements et du linge d’église, du vestiaire des choristes dont elle se faisait la pourvoyeuse, de la décoration des autels…
Chaque année, pour la 1re Fête-Dieu, s’élevait devant la maison Blanchet un reposoir monumental dont Sr Théodule était l’architecte et dont elle dirigeait la construction.
Mais l’œuvre maîtresse de Sr Blanchet, c’était la crèche…
Oh ! cette crèche ! Nulle part on n’en voyait de pareille : c’était tout un monde. Les visiteurs affluaient ; les enfants ne l’avaient jamais assez vue…
Son œuvre dernière fut la grotte de Lourdes de la promenade du Clair de Lune. Si ce qui n’était qu’un trou noir au flanc de la falaise est devenu une sorte de sanctuaire qui arrête toujours le regard du passant et est souvent pour lui, un appel à la prière, c’est à elle seule qu’on le doit… »
Ces éloges de Sr Théodule - suite à son décès à Fougères en janvier 1949 - sont extraits d’un article de Mr le Chanoine COTEL, dans la revue inter-paroissiale : « Nos clochers » de Dinard.
Archives de Rillé : “Visages de Sœurs du Christ Rédempteur… hier”.
Transmis par Sr Hélène R., SCR.