Dans ma Rue…

« Dans mon quartier, y’a beaucoup beaucoup, y’a beaucoup de gens à aimer » chantions-nous dans nos jeunes années…

« Dans mon quartier, y’a beaucoup beaucoup, y’a beaucoup de gens à aimer » chantions-nous dans nos jeunes années…

Oui, dans ma rue, il y a d’abord des gens avec qui nous avons créé des liens d’amitié, ce qui nous vaut une belle rencontre ensemble, chaque année autour du 1er de l’an : ceux de droite, ceux de gauche et ceux d’en face. Quand nous sortons dans la rue, l’opportunité s’offre souvent à nous d’engager la conversation avec Jean-Charles fumant sa cigarette ou sirotant son thé posé sur la murette, pendant que sa voisine Cécile, assise en position décontractée, papote déjà avec lui. D’autres fois, c’est Georges et Angéline, la clef de leur portail ou de leur voiture en main, qui nous arrêtent pour nous confier des soucis d’enfants, de santé, de vieux parents… A gauche, Mireille et Gérard nous informent de leur départ imminent vers leur maison de campagne. Il y a aussi ceux d’en face qui n’hésitent pas à descendre de leur immeuble pour nous prêter main forte dans le jardin, gratuitement. Par une amie interposée, nous nous voyons même proposer le poste de “gardienne de chat” pendant quelques jours. Tout cela est déjà un coin de Ciel sur la terre et l’annonce de la Bonne Nouvelle, même si nous abordons très peu le thème de la religion.

Mais d’autres rencontres, plus anonymes cette fois, nous relient d’une manière particulière à Anne Boivent, notre fondatrice, nous rappelant quelle était “sa manière d’être en relation” dans le contexte social qui était le sien.

  • Une petite fille d’allure roumaine chante et danse près de sa maman attendant l’obole des passants.
  • Une dame retient la porte d’un immeuble pour me laisser entrer.
  • Des jeunes “à l’allure marquée” cèdent leur place dans le bus.
  • Tous les jours, des hommes, des femmes en précarité quêtent le regard, un sourire, et la conversation s’engage… 
  • Un homme, comme un enfant puni dos collé au mur, relève la tête lorsque nous le saluons d’un « Bonjour Simon ! » 
  • Sous la pluie qui survient, un jeune accourt fermer le k-way d’un handicapé en fauteuil roulant. 
  • Une jeune fille trisomique vient déposer un bisou sur ma joue sous le regard subjugué de sa maman.
  • Des gens s’attroupent à une station de métro autour d’un jeune à la rue qui joue de la flûte, entouré d’une meute de chiens.

J’imagine bien Anne Boivent arpentant ce quartier, le cœur débordant d’attention et d’amour : « Mère M. Thérèse (= Anne Boivent) avait une prédilection pour les pauvres, ils possédaient son cœur… Quand elle connaissait des besoins qu’elle ne pouvait soulager, elle en ressentait une vive douleur » nous est-il dit dans sa biographie (cf Vie de Anne Boivent p. 36).

Je me pose la question : « Que ferait-elle aujourd’hui ? »  A moi, à nous d’inventer, au fur et à mesure…

Sr M. Françoise C., SCR, Rennes

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