L’obole de la veuve Marc 12, 41-44

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».
Cette citation de Saint-Exupéry peut nous éclairer sur cette page d’évangile.

Relisons ce texte de l’obole de la veuve devant la peinture ci-dessous. Si le texte nous dit la qualité du regard de Jésus par ses paroles, le tableau, sans paroles, nous laisse deviner les sentiments du personnage de gauche.

Dans le passage qui précède l’obole de la veuve, Jésus s’attarde sur l’attitude des scribes dont il dénonce l’hypocrisie par ces verbes : ils se plaisent, ils affectent. Il en fait l’objet d’un enseignement, nous signifiant l’importance de ne pas nous fier aux apparences. Les gestes extérieurs sont-ils accordés au cœur ? Cela demande qu’on s’y arrête !
Sur l’image, le “scribe” a une attitude de mépris condescendant. Il voit l’extérieur : une pauvresse, une “veuve”, ses vêtements parlent pour elle. Elle ne peut déposer qu’une maigre obole ! Mais l’extérieur ne nous donne que la valeur pécuniaire de l’obole ; cette estimation est-elle suffisante ?

Jésus est assis dans le temple, face au trésor. Il observe le défilé de ceux qui viennent y déposer leur offrande, parmi lesquels on peut voir des riches et leur contribution importante. Et voilà qu’au beau milieu de cette foule et comme pour briser la monotonie de ce va-et-vient, survient une femme : c’est une veuve pauvre qui elle aussi, malgré sa pauvreté, apporte son obole, une vraie fille d’Israël. C’est elle qui crée l’évènement : ce geste aurait pu passer inaperçu. Mais il a été vu ! Et il sera lu, d’abord par Jésus puis consigné par les disciples pour la postérité.

“Cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le Trésor. Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre”.

C’est une femme libre sous le regard de ceux qui la méprisent. Libre par rapport à l’argent : deux piécettes, de son indigence. Libre par rapport à sa propre vie qu’elle met en danger. Que lui reste-t-il ? Soyez comme les oiseaux du ciel, comme les lis des champs.
Le superflu, l’indigence, tout : le superflu n’atteint pas la personne mais le tout pris sur l’indigence dénote le détachement d’un cœur libéré. Comprennent ce geste ceux qui se sont exercés à cette même liberté.

Le récit de Marc touche à sa fin. « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ». Cette femme se trouve accordée au don total de Jésus qui entre dans sa Passion.

Sr Bernadette D., SCR, Fougères

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