La Fête-Dieu autrefois…

Ayant aujourd’hui intégré le 3e âge, il m’arrive de me rappeler avec une certaine nostalgie la Fête-Dieu de mon enfance, vers 1950…

Pas de Fête-Dieu sans fleurs ! Alors, le jeudi précédent, la tâche nous incombait à nous les enfants de courir les haies, les prairies, les champs pour en faire la cueillette : des digitales rouges que nous aimions faire éclater, des pâquerettes et autres fleurs sauvages (mais attention aux couleuvres et vipères qui aimaient se dérouler au soleil en cette période de juin !), des coquelicots qui, en baillant, se fermaient vite et des roses que nous allions chiner dans les jardins.
Pas besoin de paniers, un tablier retroussé jusqu’à la ceinture et tenu d’une main faisait l’affaire : nous déversions le tout dans une grande “reste” - sorte de large panier avec une poignée de chaque côté - posée sur la brouette. Ensuite, tout était empaqueté dans de grands sacs en papier que Papa, avec la voiture à cheval, allait déposer à l’école.

Un reposoir

Les adultes descendaient des greniers des structures en bois léger pour ériger ça et là le long des rues ce qu’on appelait des “reposoirs” ; c’est là que nous allions nous arrêter pour une adoration.

Tous collaboraient pour tracer sur la route - entre deux reposoirs - de jolis décors que nous remplissions de sciure teintée de couleurs vives. Le prêtre foulerait ce sol le premier. En effet, après les Vêpres, la procession s’organisait à sa suite pour rendre hommage à Jésus-Eucharistie.

Petites filles angelotes

Nous, les enfants, habillés de blanc, une corbeille remplie de pétales nouée autour du cou, nous suivions directement le prêtre revêtu de vêtements dorés et portant à bout de bras l’ostensoir d’or où Jésus-Hostie reposait dans la lunule. Dans certaines paroisses, un dais porté par quatre hommes couvrait le prêtre et l’ostensoir, en signe de vénération.

L’ostensoir

Une fois arrivés devant un reposoir, la personne qui nous accompagnait donnait un coup de claquoir, le prêtre se tournait vers la foule et la bénissait avec son ostensoir. C’est alors que nous jetions nos pétales aussi loin que possible pour atteindre Jésus. Après une courte prière, le prêtre reprenait l’ostensoir et ses pas marqués sur la sciure nous entraînaient vers une autre station.

La journée terminée, nous rentrions enlever notre belle tenue et déposer nos couronnes. Cette fête colorée, rehaussée de chants latins comme le « Lauda Sion », s’enregistrait à jamais dans nos mémoires d’enfants…

Fête Dieu en 1967

Sr Marie Françoise C., SCR

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