Il y a des bateaux amarrés au port, ils ne sortent jamais. La vie semble les avoir quittés. Enchaînés à une bouée comme des esclaves inavoués. Le vent et l’air chaque jour et chaque nuit les agressent. Les algues s’entremêlent sur la chaîne comme une chevelure délaissée. Ils attendent trépas…
Il y a aussi ces bateaux, habités par le cœur des marins, osant sortir et affronter la mer faisant gros dos, allant à l’assaut des vagues et de l’inconnu, habités par l’espérance.
Belle allégorie ! Quelle embarcation est la nôtre ? Il nous faut faire des choix.
Rillé va devoir faire des choix. Prions pour que l’Esprit aide au discernement quant aux orientations à prendre.
Voulons-nous un bateau amarré attendant la fin avec comme leitmotiv : « Que voulez-vous, c’est comme cela » ? Attitude peu constructive pour l’annonce de l’Évangile.
Il vaut mieux hisser les voiles, aller au large poussé par le vent de l’Esprit. Armons notre bateau avec cette bonne nouvelle de l’Évangile comme propulseur dans le quotidien de notre existence. La vraie tradition est celle de l’Évangile.
La tradition n’est jamais dans un repli identitaire. Nous sommes dans une dynamique du provisoire, ce qui implique le refus de « Dans le temps… ». La société évolue, imaginons avec l’Esprit et osons la nouveauté.
Au cours de l’histoire, n’y a-t-il pas eu des alluvions accumulées empêchant le flux de l’Évangile de couler pleinement !
La tradition, ce n’est pas réitérer le passé, c’est être ouvert à l’Esprit de Dieu et à ses imprévus. Dieu écrit avec les lignes courbes. Ne calquons pas pour aujourd’hui ce qui s’est fait hier, sinon nous risquons d’être des bateaux amarrés à nos certitudes et la voile de notre embarcation deviendra le linceul de notre ensevelissement.
Écoutons ce que François dit pour la fête de Pierre et Paul, ce 29 juin : « Ne tombons pas dans l’arriérisme, cet arriérisme de l’Église qui est à la mode aujourd’hui ».
L’Esprit est force, entrons dans son dynamisme.
L’Esprit nous dépouille, allégeons notre monture.
L’Esprit est tendresse, développons nos gestes d’amour.
L’Esprit est mouvement, prenons le chemin de l’audace.
L’Esprit ouvre des chemins nouveaux, ne craignons pas.
Pour continuer la prière, prendre le beau texte de Didier Rimaud : « Ouvrons nos cœurs… »
René FRÉNEL, 30/06/2022