Il semble qu’en plus d’une parabole, ce soit une chanson d’amour ! Arrêtons-nous seulement à l’aspect parabole, représentatif de ce qu’est la parabole rabbinique dont Jésus était aussi héritier.
De quoi s’agit-il ?
De quelqu’un qui avait tout fait pour cette vigne : il l’avait bêchée, épierrée, plantée de muscat. Il est évident que, jusque-là, on ne pense pas à Israël. Au v. 3, il est question des habitants de Jérusalem, ce qui laisse entendre qu’ils sont là. Probablement qu’Isaïe raconte son histoire devant une grande foule, un jour de fête. Il raconte l’histoire de son ami qui, lui, n’a pas envie de rire… et demande : « Soyez juges, vous-mêmes ! Qu’en pensez-vous ? »
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Et on peut imaginer la réponse :
- " Si, c’est cela, c’est que la vigne de ton ami ne vaut absolument rien… il faut l’arracher !’
- « C’est vraiment ce que vous pensez ? Eh bien ! Apprenez que mon ami, c’est Yahvé, et que la vigne, c’est vous ! »
Il attendait la justice et le droit et il voit l’injustice et le crime. On a ici l’équivalent de l’histoire de David : « Cet homme, c’est toi ! »
Pour que la parabole fonctionne bien, il faut absolument qu’à un moment donné, il y ait accord entre le conteur et son interlocuteur, qu’un dialogue se noue entre l’interlocuteur et celui qui raconte, en l’occurrence le prophète. Dialogue qui provoque l’autre à porter un jugement qui consiste habituellement à admettre une évidence : ou il y accord (le plus souvent !) ou il y a désaccord, mais ça sert au paraboliste à dire ce qu’il a à dire, de la part de Dieu.
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Le moteur de la parabole, c’est l’expérience du destinataire activée par l’image utilisée par le paraboliste. Il semble bien que la plupart des paraboles évangéliques sont de cet ordre-là et donc cela voudrait dire que pour Jésus, ce n’est pas d’abord un procédé pour faire comprendre des choses difficiles à des gens peu cultivés, mais c’est un procédé à l’orientale qui fait réfléchir, qui pique l’attention et amène l’auditoire, qu’il soit intelligent ou pas, à se prononcer devant une situation donnée.
Pour bien comprendre, il faut sortir de la perspective intellectuelle et entrer dans un type de relation où celui qui comprend, c’est celui qui est bien disposé, qui a le cœur ouvert. A ce genre de parabole, s’applique très bien le fameux proverbe français : « II n ’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ! » On comprend alors que les paraboles tiennent une place importante dans la mission de Jésus, aussi importante que les miracles, visant à forcer l’auditeur à opter pour ou contre Jésus.