Le 1er dimanche du mois de Juillet, nous sommes invités à méditer le retour de Jésus à Nazareth, berceau de sa jeunesse, où, semble-t-il, il n’était pas retourné depuis le début de sa mission, son baptême par Jean Baptiste (Mc 1,9). Suivi par ses disciples, Il vient dans sa Patrie, c‘est le Sabbat et - comme à Capharnaüm - il entre à la Synagogue pour y enseigner (1,21).
On pourrait s’attendre à ce que ses compatriotes soient fiers et admiratifs ! Mais non : ils sont « stupéfaits » = exëplëssonto, non plus à cause de son enseignement d’autorité (1,22.27) mais parce qu’ils se demandent d‘où lui vient la sagesse « qui lui a été donnée » et les gestes de puissance « qui arrivent par sa main » (6,2).
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Les gens sont incapables de faire le lien entre ce qu’ils croyaient savoir de lui et ce qu’ils constatent. Tout ce qu’ils voient et entendent ne correspond guère à leur savoir. Ne le connaissent-ils pas mieux que quiconque ? Ils l’ont vu grandir, exercer son métier de charpentier, ils rencontrent tous les jours sa mère Marie et les membres de sa famille. Il est bien trop connu pour échapper à l‘image familière qu’on s’est faite de lui.
Devant lui, ils se sentent troublés, gênés, bousculés. Ils trébuchent, « se scandalisent », refusant de laisser se désorganiser leur petit monde, où l’on croit se connaître parce qu’on a vécu ensemble ou que l’on se côtoie.
Les événements qui ont eu lieu ailleurs ont mis entre eux une certaine distance. Que va-t-il se passer lors de cette rencontre ? A ce point du récit, Jésus réagit. Il cite un dicton (v.4) et le proverbe aujourd’hui répandu vient de là : « Nul n’est prophète en son pays ». Mais le mauvais accueil de Jésus a une conséquence curieuse à première vue : là, il ne peut exercer son art de guérir (v.5a).
La puissance de Jésus est liée, et sa parole est rendue captive là où elle ne rencontre pas une écoute attentive, une disponibilité à la foi. Le mystère du Royaume ne se découvre pas au ras du sensible. Il n’y a pas, dans l’Évangile de Marc, d’endroit où le lien soit plus clair entre l’exercice du pouvoir de Jésus et la foi - ou la non-foi - des gens.
Jésus, qui a puissance et autorité, est littéralement dépendant de la foi et de la non-foi. Cette constatation peut nous fournir un principe de lecture pour l’ensemble de cet évangile. On se souvient des reproches du Maître devant le manque de foi de ses disciples lors de la tempête apaisée (4,40).
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Peut-être est-ce là une des pistes les plus importantes pour entrer dans une compréhension vraie du mystère du Fils de l’homme. Si le Christ est dépendant de notre foi ou de notre manque de foi, cela veut dire que Dieu, en son Fils, ne peut exercer son pouvoir souverain que si nous lui remettons, par la foi, ce pouvoir qu’Il a livré entre nos mains quand Il nous a introduit dans l‘existence et nous appelle à devenir ses disciples.
Cet épisode met en relief le thème fondamental de l’Évangile de Marc : la lancinante question de l’identité profonde de Jésus. Déjà se dessinent les attitudes variées prises à son égard par tous ceux qu’Il rencontre : Quand et par qui sera-t-Il reconnu pour ce qu’Il est vraiment ? Il faut continuer la lecture ! Sr Gabrielle H., SCR